Il est le successeur de Macrin, il est prêtre. Il se consacre au culte héréditaire du soleil : une divinité Orientale. Le Dieu Baal. En public, le visage peint de vermillon (sulfure de mercure rouge, chimique ou naturel), vêtu d’une longue robe de pourpre entourée d’une ceinture brodée, mimant au son des cymbales, les danses lascives, aux sons de la musique lancinante des sistres, des flûtes, sa haute tiare (coiffure d’apparat de Byzance) d’or qui venait balayer le sol jonché de violettes et de hyacinthes. Les longs bonnets coniques des prêtres s’inclinaient en cadence autour de l’enfant-dieu et leurs robes talaire (qui descend jusqu’aux pieds) formaient comme le rideau de la scène où évoluait le coryphée de Baal (chef d’orchestre antique).
Il aima la danse, nul endroit de son corps ne restait inactif, cou, jambes, mains, tout était en ouvement dans le scintillement des pierreries, il laissa deviner sa nature indistincte et le morbide attrait de sa beauté perverse dans l’éclat de son adolescence.
A la longue, ces visions nonchalantes agissaient sur les esprits des légionnaires de Macrin, mal payés, turbulents. La beauté de cette adolescent androgyne (qui tient des deux sexe ‘hermaphrodite’), le zèle qu’il mettait à remplir son sacerdoce, la splendeur de la danse, des cérémonie fut digne du Broadway) antique. Cérémonie de distraction extraordinaire et imprévue dont Macrin avait eu le tort de laisser inoccupés ses troupes aux abords d’Émèse (ancienne ville de Syrie).
Ou campagne pour un empereur
La victoire ne fut pas assurée. Macrin restait à ce que la nouvelle de la rébellion surprenne Antioche, au sein de la mollesse et de l’indifférence ; il ne s’alarma pas, trop sûr de lui pour prendre au sérieux une révolte locale menée par un enfant ‘stupide et débauché’. Mais Macrin oublia l’impopularité qu’auprès des troupes avaient suscitée ses châtiments cruels et de son avarice.
Maesa semait de l’or, elle acheta aux partisans tout en accréditant la secrète et divine origine du jeune prétendant. Les soldats finissaient par y croire.
Mais pour Macrin, la partie était perdue ; il devait subir les affronts d’un enfants syrien, privé de raison se rendant compte un peu tard qu’il avait trop négligé les soldats. Il se rendit alors à Apamée pour y désigner Diadumène ( son fils) comme son successeur, mais qui était un prétexte pour une grande distribution d’argent sur le champ pour chaque légionnaire, ainsi ceux de Rome recevront.
Et pourtant
Ou le tout pour le tout
Maesa avait montré autant d’adresse qu’Agrippine ; elle avait joué le tout pour le tout. Elle fut comme Vespasien qui pensait «celui qui touche à la couronne doit la porter ou bien perdre la tête». Elle régnait ou plutôt croyait régner, derrière son petit fils dont les frêles épaules supportaient malaisément le manteau des Césars et celui des Antonins.
La surenchère de l’ignominie
En ce temps là des hommes toujours satisfais d’eux recherchaient dans le cabotinage (action de parler de soi avec prétention) et la flagornerie (flatterie basses et intéresser) les applaudissements d’autres hommes tout aussi médiocre.
On chérissait l’ignoble, le morbide, le physiologique, tout ce qui rabaisse l’homme au niveau de l’animal et les proscriptions (prohiber, d’interdire l’usage de quelque chose). Condamnations annoncées par voie d’affiche : n’importe qui pouvait tuer ceux dont les noms étaient affichés, avaient plus l’allure que nos délations à la petite semaine. Les boucheries horribles du cirque, les hécatombes des sacrifices surpassaient certains plaisirs factices et navrants de la vie moderne.
Dans ce troisième siècle, où tout s’écroule, où le sophisme (arguments aboutissants à une conclusion absurde et difficile à réfuter) est roi où mille religions se disputent les âmes, l’apparition de l’enfant prêtre, si tôt arraché au trône des Césars apparaît comme une halte voulue par le destin.
Assoiffé de sensations ignobles où l’ extase se mêlait à la perversité, il étonna un monde pourtant saturé de crimes et de débauches. Rome fut frappée de stupeur par les plaisanteries macabres de ce gamin vicieux qui admirait Néron et qui imita ses crimes.
Mais la plus cruelle luxure du modèle fut vraiment surpassée car une folle religiosité vint servir d’excuse et de prétexte aux horribles voluptés. Ses jeux, ses fautes étaient ceux d’un dépravé, ne craignant pas le châtiment. Il savait tout d’avance et voulut jouir d’une vie courte mais rayonnante, légère et brûlante comme la flamme impur qui le dévorait.
Son grand rêve se dissipa dans les bras de ses amants, cochers vigoureux ou palefreniers barbares. Héliogabale manqua tout jusqu’à son suicide et au lieu du trépas qu’il avait imaginé magnifique sur un dallage de pierreries ; il mourut au fond d’une latrine ignoble.
Héliogabale passa son enfance dans une atmosphère morbide de prostitutions sacrées et de sacrifices humains. Il fut nourri de spectacles de flagellations que réclamaient les divinités primitives.




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